Le 8 janvier 1493, Christophe Colomb, le fameux navigateur portugais à qui l’on attribue communément la découverte de l’Amérique (nous ne voulons ici blesser les orgueils maritimes des Normands ou des Bretons) signale dans son livre de bord, une extraordinaire observation : « [L’amiral] dit qu’il vit trois sirènes qui sortirent bien haut de l’eau, mais elles n’étaient pas aussi belles qu’on les dépeint, car d’une certaine manière leurs visages avaient une
forme masculine ; il dit qu’autrefois il en vit quelques-unes en Guinée sur la côte de Malaguete. »

S’il est communément admis qu’il s’agissait de lamantins, mammifère marin commun aux mers tropicales d’Afrique et d’Amérique (les deux espèces sont très semblables), de nombreux auteurs, commentateurs et scientifiques se sont demandés ce qui avait pu rendre possible une telle méprise (car, pour sympathique que ce paisible herbivore puisse être, on peut difficilement le confondre avec un être humain). Outre la personnalité de Colomb, il semble qu’il s’agisse avant tout du résultat d’une tradition initiée par les Portugais. Parmi les premiers navigateurs à s’être aventurés durablement sur les mers orientales (où l’animal est aussi présent sous l’appellation de dugong) ils ont nommé le lamantin poisson-femme, sans doute pour désigner un mammifère. Cette tradition était sans doute profondément ancrée dans l’esprit des marins portugais de l’époque, ainsi qu’une imagerie disparate et somme toute peu scientifique…

Les traditions autour des sirènes remontent à l’Antiquité, et forment un corpus à la fois littéraire et iconographique fascinant, avant de déborder, même au temps des Lumières, dans la sphère scientifique. L’histoire de ces traditions est fascinante, et nous vous invitons à la découvrir dans l’ouvrage Les Monstres marins (suivez ce lien pour en savoir plus)…

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